Legs
t’as du picoler un peu trop
flower’s power
soixante huit, c’est fini
au lieu d’nous vanter la décroissance
consommer moins pour vivre mieux
aller lentement pour vivre vieux
avec ton elfe…
vaudrait mieux t’remettre au boulot
pour remplir ton caddie
avant de manger au self
Pasolini avait bien raison
l’hyper consommation n’est que le masque
d’un fascisme de masse
prêt à tout sacrifier
pour pouvoir consommer
Mais nom de nom, tu laisseras quoi
à tes gamins, toi qui en as trois ?
Outre des souvenirs que t’imagines même pas
j’aimerais leur léguer un terrain
non constructible et mal foutu
histoire d’avoir une terre herbue
où placer leur secret jardin
c’est pas sûr que j’y arrive, d’ailleurs,
à trouver cet arpent d’bonheur
Flap, notre elfe et moi on va s’y mettre
à chercher un bout d’terre qui coûte
moins d’six mois d’salaire casse-croûte
terrestre
pour l’eau, elle tombe du ciel
et y aura bien assez d’soleil
pour la chauffer, pour le reste
on avisera
des champs
« Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé “la société de consommation”, définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. Si l’on observe bien la réalité, et surtout si l’on sait lire dans les objets, le paysage, l’urbanisme et surtout les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation sont eux-mêmes les résultats d’une dictature, d’un fascisme pur et simple. »
In Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1973-1975), trad. Philippe Guilhon, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 9782081226623), p. 268-269, je vous mets la référence complète car vous ne perdrez rien à lire ce bouquin !
copyright Elpy 2022
(illustration par Fernand Léger, lien source : https://lvsl.fr/reconcilions-decroissance-et-progres/)