Au tout début de ma parole nouvelle réfléchie ensensée

ma mâchoire se bloquait ça c’est pas d’bol

tout via la main couché sur des papiers veloutés

caressé par des encres noires bleues ou violettes

tracées par des plumes racées ou de supérettes

la toute nouvelle aventure s’écrivait avec un a majuscule

Il y manquait le son d’mon bec

pour damoiselle H ma muse idole amante

de tradition oralgérienne aux voix chantantes

corps dépaysant odeur parfumée peau envoûtante

comment peux-tu n’oser qu’au lit et dans l’écrit

puis tétaniser maudits mots dits et les cris ?

Différences de couleur, de sexe, de statut, de religion

ça faisait déjà quatre mauvaises raisons

de différends, d’a priori, d’archétypes

laissant craindre que je sois un de ces sales types

c’est fou comme nos peurs modifient nos vies

nos vécus antérieurs et, dite à verbe haut

l’émotion s’évapore au fil des grands maux

dans le sens qu’on redoute malgré nos envies

Damoiselle H vingt ans plus tard a toujours

la même adresse géographique tandis que pour

moi se sont succédées les caches misères des villes

mer et campagne jusqu’à trouver l’endroit pile

correspondant à ma démarque

assez loin du quai de la barque…

Qu’importe ça a été une belle rencontre

damoiselle H,  on n’avait pas la même montre

la tienne en avance sur qui je serai,

la mienne en retard sur qui tu étais…

merci quand même au hasard qui veillait

sur ce qui fut mon premier nous

tu m’as donné montré appris beaucoup

on n’oublie rien de rien du tout

non Brel on n’s’habitue pas non plus

à persister en amours déçues

Elle préférait les femmes

seulement parfois

nuits d’hiver ou pleure l’âme

devant mon désarroi

elle m’ouvrait sa bouche

puis sa couche

elle qu’était un peu braque

se faisait caressante

on s’mettait en contact

affaires cessantes

Elle a préféré m’perdre de vue

mes délires lui étaient inconnus

hélas pas mes lâchetés

faites sans fierté

x’cuse moi, Manu…

copyright Elpy 2021  

(illustration lien source : https://fr.depositphotos.com/607118922/stock-video-rainbow-prism-light-lgbt-beauty.html)

C’est pas souvent les gens faut être franc

qu’un gars espère

devenir père

En premier c’qui est important

pour lui c’est d’être puissant genre j’suis pas qu’un gland

moi mâle reproducteur

maillon d’espèce qui assure sa survie virilement

j’ai du poil j’ai même pas peur

c’est pas un zizigomare

mon braquemart

Bien sûr s’il passe d’une de ses pouliches

à la fille aux yeux de biche

qui l’en amourache

il sait être lâche

lorsqu’elle lui susurre à l’oreille

et au bon moment

« fais-moi un petit tout pareil

ô toi mon héros d’amour

pour toujours »

c’est évident ça le flatte il se re-produit

sans penser au p’tit

ce nouveau-né qui va s’pointer

Bon, parfois, il calcule qu’en disant oui

la belle Eulalie il la lie à son lit tandis qu’lui

il pourra toujours s’balader avant d’rentrer

au logis qui l’attend

ben oui, un enfant…

« si ça lui dit d’être mère… »

Alors la belle histoire

des deux qui en veulent un

plus qu’un soir et qui l’assument même au matin avec amour

quand il a l’rhume et pour toujours

c’est comme gagner au loto

ça fait rêver tellement c’est beau

mais faut être idiot pour y croire

Nous serions moins sur la planète

ça s’rait pas si bête

y aurait moins d’abandons

moins d’cris dans les maisons moins d’punitions

J’dis ça les gens, j’en ai eu trois élevé cinq et failli sept

juger l’élan ça sera pas moi qui y risquerait mes minettes

Allez, Chopin, joue tes Nocturnes,

celles qui chassent le taciturne

et les blessures au cœur

ton clavier contre ma douleur…

Douceur n’est pas mélancolie

enregistrée à Varsovie…

tes gouttes d’harmonie

ramènent à la vie

tristesse, gaieté,

mais mesurées

ta musique si peu classique

relève d’un art mythique

volant à travers les dunes…

allez, Chopin, joue tes Nocturnes !

 copyright Elpy 2020 

poème paru dans Vivre(s), tome 1, publié par Le Lys Bleu,

https://www.lysbleueditions.com/produit/vivres-tome-i/  

 (illustration par Bruno Le Sourd, lien source : https://www.artmajeur.com/bruno-le-sourd/fr/artworks/8792182/1er-nocturne-chopin-58x58-a-t-jpg)

Je marche allant vers

un monde inconnu

à l'endroit

d'hivers divers d'hier

sans peur et sans sangsue

libre et serein

autant qu'on peut

vivre sans frein

ouf ça va mieux

copyright Elpy 2020 

 poème paru dans Vivre(s), tome 1, publié par Le Lys Bleu Editions

https://www.lysbleueditions.com/produit/vivres-tome-i/

http://poeteauqueergay.canalblog.com/ 

 (illustration par Leyti Colon, lien source : https://www.artmajeur.com/leyticolon/fr/artworks/13599599/caballitos)

Bouche à bouche, souffles mêlés

seins contre torse, peau à peau

ils sont reliés ventre à ventre

chaque un son suel en leur centre

de gravité primale

anifemelle animâle

Tout confondu tout coulisse

l’un dans l’autre tour à tour

avec des sons animaux

ils se répondent les mains liés

miel fruité poivre et réglisse

En cet instant hors du temps

les primates sont de retour

dans un instant envoûtant

aux décors de corps chauds

et fête païenne à l’amour

« salut, la solitude !

me revoilà chez toi

avec les habitudes

connues des vieux gars

chez toi, rien n’a changé,

c’est toujours aussi triste

ça manque de nouveau-nés

de bohème et d’artistes

Mais la porte est ouverte

alors, soyons pas chiens,

j’y viens panser mes pertes

calmer ce cœur qui geint…

tu sais, la solitude,

je vais te l’avouer

même si le choc t’est rude

j’aimerais tant te quitter… »

copyright Elpy 2020  

(illustration par Elpy, http://couleursdelpy.canalblog.com/ )

Toi la première

à me dire non

Toi la première

à me dire oui

Toi la première

à te déshabiller

Toi la première

à me tromper

à nos amours

belles de mes jours

reines de mes nuits

le tout s’enfuit

dans des volutes

tous azimuts !

Toi la première

à m’épouser

Toi la première

à enfanter

Toi la première

en désamour

à nos amours

belles de mes jours

reines de mes nuits

le tout s’enfuit

dans des volutes

tous azimuts !

Toi la première

à m’écouter

Toi la première

à me lire

Toi la première

à communier

à nos amours

belles de mes jours

reines de mes nuits

le tout s’enfuit

dans des volutes

tous azimuts !

Toi la première

de pure beauté

Toi la première

intensité

Toi la première

fusion

Toi la première

désertion

à nos amours

belles de mes jours

reines de mes nuits

le tout s’enfuit

dans des volutes

tous azimuts !

Toi la première

jeunesse

Toi la première

re-grossesse

Toi la première

à petit garçon

Toi la première

liquidation

à nos amours

belles de mes jours

reines de mes nuits

le tout s’enfuit

dans des volutes

tous azimuts !

Toi la première

complicité

Toi la première

longévité

Toi la dernière

désunion

à nos amours

belles de mes jours

reines de mes nuits

le tout s’enfuit

dans des volutes

tous azimuts !

Toi la première

connivence

Toi la première

prudence

Toi la première

indépendance

à nos valeurs

aux p’tits bonheurs

simples et sans lien

autre que deux mains

réunies

dans la vie

copyright Elpy 2022  

(illustration par Picasso, lien source : https://www.kazoart.com/blog/picasso-lart-femmes/)

Allez, détendez-vous

c’est pas l’âge

c’est pas l’corps

c’est pas les études,

c’est pas l’boulot,

c’est pas les gosses,

c’est pas l’habitat

la raison qui fait que vous êtes seul(e)

la raison y’en a pas, et toc !

alors, ça vous débloque ?

Y’a pas d’raison précise à c’que ça matche

soyez-vous

c’est tout

attendez pas

cherchez pas

ouvrez les yeux, ça suffira

copyright Elpy 2022

http://poeteauqueergay.canalblog.com/  

(illustration par Alain Rigollier, lien source : 

https://www.artsper.com/fr/oeuvres-d-art-contemporain/peinture/1176963/eyes-in-blue-les-yeux-en-bleu)

Elles ont un truc en plus

j’sais pas d’où ça leur vient

-j’ai bien ma p’tite idée

seulement j’vais la garder-

Toutes celles que j’ai connues

étaient douées d’hypersensibilité

une gentillesse à toute épreuve

écoute humour et un regain

suite aux saloperies d’la vie

rebondissant en forces neuves

Par contre il faut pas les faire ch…

en tous cas pas plus qu’un petit peu

sinon sur vous ça va bien gicler

grêler hurler et postillonner

y’aura du grabuge pour les mesquins

les rustres les égoïstes les prétentieux

et pour les trop radins d’leur cœur

Y’en a ils disent « elles ont d’l’odeur

elles se lavent pas elles sont tachées »

bande de nases c’est juste la voie lactée

et sur leur peau elle y fait splendeur

d’Aristide Bruant à René Lafforgue

de Nini-peau-d’chien à la Julie

on les chante ou on les psalmodie

au-delà de leur naturelle morgue

elles sont autres et nous on applaudit

les Rousses.

copyright Elpy 2021 

(illustration par Victor Prouvé, lien source : https://www.anticstore.com/victor-prouve-dessin-preparatoire-a-femme-rousse-84416P)