Lettre à Marie (du Havre)
Avec nos histoires bien pourries
parents puissants et défaillants
on s’est trouvés on s’est compris
à l’époque il a suffi qu’ils sifflent
la fin de la jolie partie
des enfants partis
pour que sans qu’on s’rebiffe
on rentre coucher à la niche
c’était ça ou rompre définitivement
avec leur peu de sentiments
Ton père est encore vivant
et ma mère aussi
qu’est-ce qu’ils sont résistants
les meilleurs sont partis
les premiers, c’est la vie
J’ai réussi à m’libérer
toi vu c’que j’lis dans les journaux
t’as pas fini avec ton lot
d’emmerdements gratinés
et tu présentes les factures
aux messieurs qui assurent
ton quotidien à présent
Y’a peu d’probabilités
qu’on vienne à s’recroiser
les jambes et les bras
au cas où parfois, j’en parle
avec ma bonne étoile
c’est elle qui décidera
Je t’embrasse ma jumelle
c’était toi la plus belle
Post scriptum
Ce qu’on avait en commun
c’était d’savoir que les mots
d’amour ne valent rien
émission de gaz idiots
Les sentiments c’est autre chose
incompatible avec la prose
une musique inaudible
à d’autres cibles
même si elles croient
en détenir le « la »
Ton p'tit homme
copyright Elpy 2021
(illustration par Sandra Cremonese, lien source :
https://www.artmajeur.com/sandra-cremonese/fr/artworks/13022963/femme-rousse-nue-8)